Préposé à la protection des données et transparence Jura-Neuchâtel

Utilisation de WhatsApp par les écoles (2016.1473)

Protection des données

Les enseignants sont-ils en droit d'utiliser WhatsApp pour communiquer avec les élèves ?

Avis du PPDT 2016.1473 publié le 28 septembre 2016, mis à jour le 24 avril 2020

L'utilisation de WhatsApp est déconseillée, mais les enseignants peuvent communiquer avec les élèves par ce service si l'ensemble de la classe l'utilise déjà, ou que ceux qui ne l'ont pas encore ne sont pas poussés à le faire. Dans tous les cas, il serait bien que l'utilisation soit préalablement accompagnée d'informations à propos des dangers de tels services au niveau de la protection des données personnelles. Aucune donnée soumise au secret de fonction ou sensible ne doit transiter par ce canal.

Aux yeux de la majorité des utilisateurs, l'emploi de WhatsApp ne pose aucun problème de protection des données, notamment parce qu'ils s'imaginent n'échanger que des données personnelles anodines.

Si tel était vraiment le cas, pourquoi une société qui offre un produit désormais gratuit a-t-elle été rachetée en 2014 par Facebook pour la modique somme de 16 milliards de dollars (soit environ 35.5 $ par utilisateur, dont certains payaient au maximum 1 $ par an) ? "Si le groupe de Mark Zuckerberg est prêt à dépenser de telles sommes, c'est qu'il s'attend à ce que ces données soient mises à profit à l'avenir pour augmenter la pertinence de leur publicité ciblée, notamment grâce au Big Data" (info RTS du 21 février 2014).

La raison de cet achat est aujourd'hui plus clairement connue puisque les  conditions générales de WhatsApp viennent d'être mises à jour en annonçant que cette société pourra communiquer les numéros de téléphones des utilisateurs à des entreprises et surtout que Facebook utilisera les données personnelles transitant par WhatsApp pour " faire des suggestions de produits et afficher des offres et publicités pertinentes". 

Concrètement, Facebook pourra aussi "mettre à disposition d’annonceurs les numéros de téléphone anonymisés des utilisateurs de WhatsApp. Ceux-ci pourront recevoir des annonces plus ciblées, assure le service de messagerie" (Le Temps le 30 août 2016).

Les moins convaincus des dangers du Big Data, sont invités à parcourir quelques reportages sur ce sujet.

Mais quoi qu'il en soit, il ressort de ce qui précède que des données personnelles sont traitées à travers WhatsApp à d'autres fins que le simple échange entre deux ou plusieurs personnes.

Cette application utilisée dans un cadre privé repose sur le consentement des utilisateurs qui aurait dû se rendre compte de ces enjeux en lisant les conditions générales; chacun restant libre de ne pas bénéficier de ce service.

En revanche, l'utilisation dans le cadre scolaire est plus problématique sous l'angle de la protection des données.

Conformément à la CPDT-JUNE, les écoles ne peuvent pas encourager les élèves à fournir leurs données personnelles à des sociétés qui les utiliseront à des fins de marketing.

Concrètement, si l'ensemble d'une classe utilise WhatsApp, l'enseignant pourrait communiquer avec ses élèves par ce biais. En revanche, si tous les élèves ne l'utilisent pas, l'enseignant pourrait communiquer avec ceux qui l'ont téléchargé, pour autant que cela ne pousse pas, directement ou indirectement, les autres à télécharger WhatsApp pour ne pas être mis à l'écart.

Dans les deux cas de figure, il faut :

Bien évidemment, l'enseignant ne doit en aucun cas promouvoir cette solution, mais uniquement en profiter si des élèves l'utilisent déjà.

Enfin, il faut savoir qu'il existe d'autres produits qui offrent un service similaire (voir liste publiée par la préposée zurichoise). Des solutions respectueuses de la protection des données et conviviales doivent être privilégiées, telles que Threema ou Wire. La première fait l'objet d'un contrat-cadre dans le domaine de l'éduction, à disposition sur le site d'Educa.

A relever que les autorités scolaires jurassiennes et genevoises ont banni l'utilisation de WhatsApp, ainsi que les autorités fribourgeoises.

Voir aussi LES SERVICES DE MESSAGERIE DANS LE CONTEXTE SCOLAIRE, de Simon Graber, educa.ch, du 22 mars 2019.

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